17.03.2013 : Alexandre VAN DOOREN - Caporal ; 1er RIMa

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Condoléances à sa famille

[OCTASSA80]

[TDM RMT]

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Alexandre et Pauline avaient la vie devant eux. Une petite fille de 2 ans, Alison-Lee,"un prénom inventé par son père quand on avait 15 ans". Un mariage à célébrer cet été pour unir ces deux jeunes du Nord qui se connaissent depuis l'enfance, s'aiment depuis leurs 14 ans. Un projet de maison pour quitter l'appartement de Ma Campagne à Angoulême et accueillir la famille qui allait s'agrandir. Des désirs de vie à construire. Heureuse. Alexandre et Pauline avaient 23 ans.

Pour Alexandre, la vie s'est arrêtée samedi, sur une mine, à 60 kilomètres au sud de Tessalit, dans le nord du Mali, lors d'une mission de fouille et de destruction de caches terroristes. Au volant de son char, le caporal Alexandre Van Dooren est décédé loin des siens. De ses parents, qui vivent dans l'Oise, de sa fille Alison-Lee, 2 ans dans deux semaines, et de Pauline, veuve à 23 ans, veuve bien trop jeune.

Samedi, 22 heures, on frappe à la porte

"J'étais chez ma voisine, qui m'avait invitée à dîner car elle trouvait que je n'étais pas bien. Vers 22 heures, on a frappé à sa porte. Elle est revenue, toute blanche. Elle m'a dit "viens voir". Je me suis avancée. J'ai vu un uniforme. Puis je me suis aperçu qu'ils étaient une dizaine dans le couloir. Je savais. Je savais. Mais en y allant, je me disais "dites moi qu'il est blessé, dites moi qu'il est blessé". Ils m'ont dit "venez madame, il est arrivé un grand malheur". Dans le couloir, je me suis effondrée. Le monde s'est arrêté. Je n'ai même pas eu le réflexe de demander ce qui s'est passé.

Avant son départ, je lui avais demandé que faire si on frappait à la porte. Il m'avait répondu: "Ne les crois pas. Ne les crois pas tant que tu ne m'as pas vu, car c'est impossible". Vu les circonstances, je ne peux même pas le voir. J'espère, parfois, qu'on frappe à la porte et qu'on me dise "Madame, excusez-nous, on s'est trompé, ce n'était pas lui"."

Une lettre reçue hier

"Ce matin 'hier, NDLR', j'ai reçu une lettre de lui. Une lettre datée du 8 février. Je l'ai eue parce que je l'ai réclamée. Alexandre m'avait dit qu'il m'avait écrit. Cette lettre était bizarre. Comme s'il savait ce qui allait se passer. Depuis le 23 janvier, je peux compter sur les doigts d'une main les fois où je l'ai eu au téléphone. C'est ça qui est dur. Savoir ce qu'ils font exactement, je m'en foutais. Je voulais juste entendre sa voix me dire "je vais bien". Même au téléphone, nous étions écoutés. Et il m'avait dit de ne pas écrire, car c'était lu. Tout ça, ça pèse. La dernière fois qu'on s'est eus, c'est mercredi dernier. Cinq minutes. "Bonjour, tout va bien, embrasse les enfants, je t'aime". Samedi, il est décédé."

Le départ, deux semaines d'angoisse

"Un jour, le téléphone a sonné. Il s'est approché de moi avec son petit sourire nerveux. Là, j'ai su qu'il partait. Pendant quinze jours, ils ont joué avec nos nerfs. Vous partez, vous ne partez pas. C'était éprouvant. Puis il y a eu ce départ. Alexandre a passé deux heures à faire son sac dans le salon. Il était content de son matériel tout neuf. On aurait dit un enfant qui découvrait des jouets. J'ai ses photos de départ: il était tellement beau dans son uniforme. Moi, je me suis effondrée. Alexandre n'a pas eu le choix. On lui a dit de partir au Mali, il fallait qu'il y aille. Mais si on lui avait demandé, il aurait dit oui. Il y serait allé. Son travail, c'était une passion."

Des projets et des questions

"Avant de partir, Alexandre m'a demandé en mariage. On devait se marier cet été. À la mairie, puis faire une petite fête en famille. Il croyait que je voulais quelque chose de grand. Moi, me marier avec lui me suffisait.

Je suis pessimiste de nature. Avant qu'il parte, je lui ai tout demandé en cas de malheur. S'il voulait être inhumé ou incinéré? Où est-ce qu'il voulait reposer?

Après l'hommage national aux Invalides et celui à Angoulême, Alexandre sera incinéré. Il reposera où on l'a décidé, là où j'irai moi-même reposer ensuite. C'est dans notre région, dans le Nord, où je vais repartir vivre le plus vite possible. Du coup, j'ai acheté un emplacement pour moi aussi. Près de lui. Aujourd'hui, heureusement que j'ai ma fille et mon bébé qui va arriver. Car je comprends ces femmes qui partent rejoindre leur mari."

Un bébé pour octobre

"Je suis tombée enceinte juste avant qu'il parte. Je ne l'ai su qu'en février. Au départ, je voulais lui faire la surprise, qu'il voit mon ventre à son retour. Mais lors de l'un de ses appels, je lui ai dit. Il a pleuré au téléphone. Le bébé devrait naître en octobre. Ce sera notre deuxième après Alison-Lee. Alexandre voulait trois enfants. C'était un papa formidable. Il fallait le voir. Pour Alison-Lee, c'était son papa et son meilleur copain à la fois. Il était le seul à la faire hurler de rire comme ça. Je garderai toujours ces moments."

L'hommage et la colère

"J'appréhende l'hommage et les moments qui vont précéder. C'est aussi pour ça que j'ai demandé à ce que la chapelle soit fermée. Avant tout ça, il me faut un moment à moi, avec lui. Je sais que je vais m'effondrer. Déjà, je m'effondre à chaque fois que je vois cette caisse de métal verte à la télé. Au départ, je veux être seule. Même si je suis en colère contre l'armée, elle a respecté ça. Je suis en colère, oui. L'armée m'a pris Alexandre. Mais maintenant, je ne dois plus penser à ce que je veux, mais à ce qu'Alexandre aurait voulu. Il aurait aimé que j'arrête de faire des reproches à l'armée."

Les honneurs militaires seront rendus à Alexandre Van Dooren, cinquième soldat français tué au Mali, lors d'une cérémonie intime demain à l'Hôtel des Invalides à Paris. Avant la cérémonie réservée à la famille et aux proches du militaire, le cortège funèbre passera sur le pont Alexandre-III entre 10h15 et 10h30. Le gouverneur militaire de Paris, le général Hervé Charpentier, a invité le plus grand nombre de personnes à se rassembler sur le pont pour un hommage silencieux au militaire décédé.

L'hommage du 1er RIMa (régiment d'infanterie de marine) d'Angoulême aura lieu, lui, samedi à 11h au régiment, au Quartier Fayolle et il sera présidé par Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.

[OCTASSA80]

Un avion s'est posé mercredi soir sur la BA 110 de Creil.
Dedans, se trouvait le cercueil du Caporal Alexandre VAN DOOREN !
Il était originaire de PONTPOINT, petit village de l'OISE, à deux pas de la BA 110 !
Il a été demandé aux personnels présents sur base d'accueillir sa dépouille et de former une haie d'honneur en sa mémoire !

[TDM RMT]