La fiche de spécifications établie par l'EMAT demande :
une portée maximale de 14 000 mètres au moins (Le 105 HM2 porte à 11 000 mètres)
un débattement horizontal de 360°, pour tout angle de tir (-7°/+70°) et toute charge.
Le service technique de la DEFA (Direction des études et fabrications d'armements) attire vainement l'attention du Commandement sur la complexité technique et l'alourdissement consécutifs à l'exigence du débattement sur 360°.
Pour répondre au programme l'ABS (Atelier de Bourges) reprend les études de l'affût triflèche envisagé avant guerre, dont le prototype avait été détruit à Tarbes pour le soustraire à l'occupant.
L'affût comporte une plate-forme, sur laquelle pivote la bouche à feu, qui repose au sol en position de tir. Deux des flèches, ancrées à 120° l'une de l'autre en position de tir, se replient - en position route - sous le tube auquel elles sont reliées par une chaise de route. La troisième est munie d'un anneau de remorquage. En position de tir, les roues sont relevées. Pour répondre aux contraintes du tir tous azimuts, toutes élévations, la masse reculante est fixée à la masse pivotante par un lien élastique à course et effort variables en fonction du site. En effet, lors d'un tir à l'horizontale, pour améliorer la stabilité, un long recul est nécessaire ; par contre lors d'un tir à site élevé, il est impératif que le recul soit court pour éviter que la culasse vienne heurter le sol ou une flèche. Un volumineux frein de bouche à haut rendement complète le dispositif d'absorption du recul. Il sera grandement responsable du désagréable souvenir laissé par le 105 triflèche à ses utilisateurs dont les oreilles "morflaient" sévèrement !
La nouvelle pièce est adoptée dès 1950 sous la désignation d'obusier de 105 mm triflèche modèle 1950 (OB 105 Mle 50TF ou OB 105 TF 50)
Ses caractéristiques sont les suivantes :
Poids : 3.200 kg (le 105 HM2 ne pèse que 1.900 kg !)
Bouche à feu de 23 calibres
Vitesse initiale : 568 m/s
Portée maximale : 14.500 mètres avec l'obus explosif de 105 mm modèle 1953.
Les 120 exemplaires produits devront tous passer en reconstruction pour pallier aux défauts de conception et aux défaillances techniques auxquels les utilisateurs ne cesseront de se heurter. Ce n'est qu'à la fin des années 50 que le 105 triflèche atteindra enfin le statut opérationnel.
Un faible nombre de 105 TF 50 seront employés à la fin du conflit algérien par les unités qui tiennent les barrages des frontières, associés à des radars de surveillance du sol. L'aptitude au tir "tous azimuts" sera particulièrement appréciée dans cet usage, permettant enfin une véritable instantanéité de la "permanence du feu".
Malgré son originalité et ses performances, le 105 TF 50 ne fit l'objet d'aucune commande étrangère et n'eût qu'une courte carrière dans les unités de l'Armée de Terre.
Il fut longtemps employé par l'Ecole d'application de l'Artillerie, alors située à Châlons sur Marne, pour l'école à feu des élèves Sous-Officiers et des Sous-Lieutenants sortants de Coëtquidan.
C'est ainsi que mon Artilleur de frère a subi le 105 TF 50 à deux reprises, la première fois pendant sa formation de chef de pièce, la deuxième fois à sa sortie de l'EMIA…
La bouche à feu de l'automoteur de 105 sur châssis AMX 13 (105 Au 50) est très étroitement dérivée de l'OB 105 TF 50.

Obusier de 105 mm triflèche modèle 1950 (Ob 105 Tf 50) en configuration "route"

Obusier de 105 mm triflèche modèle 1950 (Ob 105 Tf 50) en configuration "batterie"