La bataille de SENNECEY-LE-GRAND, 4 septembre 1944
Cette bataille audacieuse a été conçue sur deux malentendus : d'une part la certitude de voir arriver sur Sennecey, dès le 4 au matin, l'avant-garde de l'armée de Lattre débarquée le 15 août en Provence, mais en réalité stoppée à la hauteur de Mâcon par manque de carburant; d'autre part un effectif ennemi mal apprécié et passé en quelques heures de quelques centaines à plusieurs milliers d'hommes, en reflux vers l'Alsace et équipés de canons et de blindés.
Son plan fut décidé le soir du 3 au PC de Corlay. Il intégrait l'essentiel des forces FFI et SAS du secteur de Corlay sous le commandement du capitaine Leduc, et devait conduire à la victoire finale dans la journée même. Ce fut le cas mais à quel prix! En voici un résumé :
Ce plan prévoyait la prise de Sennecey par l'ouest, le sud et le nord, pour bloquer et neutraliser définitivement les colonnes allemandes. Le fer de lance en était le peloton SAS sur jeeps de Guy de Combaud, qui, après avoir mitraillé copieusement, du sud vers le nord, les convois stationnés sur l'artère principale, l'effet de surprise aidant, devait permettre l'assaut des maquisards.
Le dispositif avant l'assaut était le suivant : à l'aile droite, proche de la N6 et entre Sennecey et Sens la section Arragon, au centre entre St Julien et Ruffey les sections Ballet et Janodet, à l'aile gauche entre St Julien et la colline de Laives la section Desbois renforcée par la section de Beaumont et celle des "cheminots" commandée par Joubert.
A l'ouest de la colline, dans le secteur de Laives, se tenaient le maquis de St Gengoux ainsi que la compagnie "Bretagne". Ils devaient prendre la colline de Laives, puis progresser par l'aile gauche et entrer dans Sennecey par le nord-ouest.
Simultanément, un autre assaut des FTP de Tournus devait protéger l'action en coupant la route N6 10 km plus au sud. Ce blocage fut malheureusement exécuté avec plusieurs heures de retard.
Au petit jour, le peloton des 4 jeeps SAS se porte de Tallant sur Corlay, avec arrêt au PC Jarrot pour les dernières mises au point, et prendre le guide André Rivot. Puis c'est une succession d'imprévus :
A proximité de Sennecey le Grand de Combaud ne trouve aucun guetteur maquisard et n'a donc aucun renseignement précis sur l'ennemi en face.
En virant trop vite à l'approche de la N6, la jeep de tête éjecte le guide Rivot. Puis c'est la dernière jeep qui manque le virage sur la N6 près de l'église, et percute une maison. Les trois occupants Tramoni, Bailleux et Baud sont blessés.
Les trois jeeps restantes mitraillent tout le long de la rue principale en provoquant d'énormes pertes à l'ennemi mais, parvenues en sortie nord de Sennecey et pour une raison mal définie, tardent à s'esquiver, font demi-tour et reçoivent le feu nourri de l'adversaire qui s'est ressaisi entre temps. La jeep de Guy de Combaud, Pache, Seither et Magdeleine est bloquée par un vélo passé sous ses roues puis mitraillée. Même fin pour la 2ème jeep de Benhamou, Nectoux et des deux frères Djian, La 3ème jeep d' Aubert-Stribi, Lombarrdo et Barkatz est détruite par un Panzerfaust.
Par ailleurs l'ensemble du dispositif "maquisards" rencontre une très forte résistance dans St Julien et aux lisières sud et sud-est de Sennecey où se déroulent durant plusieurs heures des combats acharnés. Du côté de la colline de Laives, les hommes de St Gengoux sont repoussés dans leur assaut par le détachement allemand les dominant depuis les abords de l'église St Martin, avec des armes lourdes ce qui n'était pas prévu. Ils reculent sur Laives. Certains parviennent à approcher la N6 par le nord mais sont repoussés aussi. Dans leur contre-attaque les allemands fusillent 17 otages dans Laives, des maisons sont incendiées.
Autre bien triste événement : dans l'après-midi un convoi du maquis de St Gengoux est mitraillé par des avions américains entre Nanton et Vincelles, il y a 7 morts.
Une fois l'assaut repoussé, les colonnes allemandes reprennent la direction du nord pourchassées par l'aviation de chasse alliée. Les résistants peuvent libérer Sennecey, suivis vers 17h par un peloton ((Lt de Bellefon) d'automitrailleuses et de half-tracks de la 1ère DB française.
Le bilan de ces combats : 850 à 1100 tués et blessés côté allemand, et 50 morts côté résistants, SAS et population locale.
On peut estimer que le sacrifice de ces résistants et parachutistes SAS sur Sennecey a facilité la libération de la ville de Chalon-sur-Saône dès le lendemain.
source:
http://www.sennecey1944.com/PagesFR/bataille.htm